Alors qu'en France, la barre des 100.000 morts est franchie depuis le 15 avril dernier, le Covid-19 marque l'imaginaire collectif comme l'une des épidémies les plus dévastatrices de ces dernières décennies. Pourtant, loin d'être la seule pandémie aussi meurtrière, voici un retour sur les autres maladies qui ont tué bien plus de 100.000 personnes en France, même si les futurs livres d'histoire évoqueront cette période, tout comme le souvenir des grandes épidémies.
1 - La variole.
La variole est sans nul doute la plus meurtrière des maladies connues. Elle provoque d'abord des symptômes similaires à ceux d'une grippe avant des vomissements et des douleurs musculaires, et enfin l'éruption de pustules, avant la mort qui survient dans 30% des cas, par surinfection générale. D'autres épidémies ont causé des ravages, comme la peste antonine au 2ème siècle, ou encore les tristement célèbres peste, choléra, variole ou plus récemment grippe espagnole. Ce n'est en effet pas la première fois qu'une maladie est à l'origine d'autant de décès sur notre territoire. A l'époque, Paris avait été ravagé par la variole et même le roi Louis XV en était mort. Heureusement, en 1979, selon l'OMS, elle a été complètement éradiquée de la planète grâce au vaccin du médecin anglais : Edward Jenner.
Illustration 1 : Le Triomphe de la Mort par Pieter Brueghel l'Ancien, 1562.
2 - La peste
Si le monde dénombre à l'heure où j'écris, plus de 3 millions de morts du Covid-19, rappelons-nous des formes de peste, véhiculées à bord des bateaux, par le rat noir infesté de puces. Ce sont ces dernières qui transmettaient la maladie aux humains.
Illustration 2 : L'épidémie de peste à Marseille, en 1720.
La communauté scientifique débat sur le nombre de morts, mais la bactérie est à l'origine du décès de près d'un tiers de la population européenne de l'époque, soit entre 25 et 34 millions, dont 80.000 environ, rien qu'à Paris. En 1720, la peste surgit à Marseille, emportant 30.000 des 90.000 habitants de la ville et tuant 100.000 personnes au total. Des politiques de santé ont été mises en place, comme "le mur de la peste", où le roi autorisait à tirer à vue sur ceux qui tentaient de franchir la frontière des secteurs touchés par la maladie. On a fait des progrès, heureusement…. La dernière pandémie de peste a eu lieu en Asie en 1890, ce qui n'est pas si loin (avec 10.000.000 de morts).
3 - Le choléra
Illustration 3 : La foule effrayée observe un malade du choléra à Paris en 1832.
Le choléra ne sévit plus en France, mais de nombreux cas sont encore constatés dans le monde, notamment en Afrique. Elle est apparue en France en 1832, après être passée par l'Inde et l'Europe de l'Est. Le système d'alimentation en eau déficient permettait à la bactérie de se propager, en entraînant une déshydratation rapide, puis la mort en quelques heures. Provoquant une cyanose colorant le visage en bleu, elle est à l'origine de l'expression d'avoir une "peur bleue".
Le choléra a fait plus de 100.000 morts en France en l'espace de 6 mois au cours des 2 premières vagues. La 3ème vague a causé 143.000 victimes en 1854. Aujourd'hui encore, l'OMS estime à près de 3.000.000 de cas et près de 100.000 décès annuels dans le monde, même si des traitements pour réhydrater rapidement le malade existent aujourd'hui.
4 - La grippe espagnole
Illustration 4 : Un hôpital italien pendant l'épidémie de grippe espagnole. Costa/Leemage
La grippe espagnole est la plus grande pandémie du 20ème siècle, avec 30 millions de morts, soit deux fois plus que la 1ère guerre. La France compte à elle seule plus de 400.000 morts. L'Espagne ayant été le premier pays à la mentionner et à faire des statistiques, la maladie fut qualifiée improprement de grippe espagnole, mais ce pays n'y est pour rien.
La première vague du printemps 1918, avait été peu virulente, mais la seconde, à l'automne, à la suite d'une mutation et d'un variant (déjà !), fut foudroyante, emportant les gens en quelques heures. Avec la guerre, les populations étaient fatiguées et mal nourries, ce qui ouvrit la porte grande ouverte au virus. Après les mesures de confinement mises en place, la propagation diminua dès 1919. Le poète Guillaume Apollinaire et l’écrivain Edmond Rostand comptent parmi les morts illustres de cette maladie.
Comme quoi on n'a rien inventé et que l'histoire est un éternel recommencement. Heureusement que jusqu'ici, tout va bien…