Plus le temps passe et plus je déteste Noël. Fêter Noël est plus une corvée qu'un plaisir, surtout lors de ces fameux repas où il est de bon ton de faire "comme si" et de sourire à ceux qu'on ne peut pas encadrer… Au travail ou en famille, on enchaîne donc les repas et les cadeaux. Il st de bon ton d'être sur son 31, juste pour la photo qui donne l'impression d'être une famille unie, bien que ce soit juste une apparence pour le faire croire. A croire que certains, notamment ceux qu'on ne voit jamais, viennent uniquement pour recevoir leur cadeau et se barrer le plus vite possible. Passer un moment en famille n'est-il pas censé être l'esprit des fêtes ? Ooops, j'ai dit une bêtise.
Le réveillon concours de cadeaux (à qui offrira le plus cher) est assez "intéressant". Les petits n'ont pas la notion de l'argent et se foutent que leur cadeau coûte un bras. Pourtant, certains les couvrent de vêtements de marque et de cadeaux coûteux. Certains, même, n'hésitent pas à annoncer le prix à la cantonade, preuve que Noël est devenu quelque chose d'incroyablement commercial.
Les chants de Noël sucrés diffusés dans les rues me saoulent et me font plus penser aux magasins qu'à la soi-disant magie de Noël, fête qui ne ressemble plus à rien. Il y a même des invités qui passent la soirée dans un coin, à jouer sur leur téléphone en montrant bien leur lassitude.
En 2021, on a besoin d'un jour particulier pour réunir ceux qu'on aime sur rendez-vous. On en est là, car la magie ne suit pas, et la plupart des gens jouent un rôle hypocrite à Noël. Un petit comité sympa est souvent préférable aux longues tablées, avec dispute assurée autour de la dinde, ou aux repas qui finissent à 3 heures du matin. Ce n'est pas si mal, une famille disséminée un peu partout en France, où chacun fête dans son coin. Tranquillité assurée, car aucun coup de fil ne viendra troubler le simulacre de repas de Noël, et tout ce qui va avec. La maison est décorée, on mange du foie gras, des huîtres et tout le toutim, histoire de faire comme tout le monde. A 21h30, tout est fini et chacun retourne à ses occupations malgré les efforts louables de la maîtresse de maison.
En fait, ce que je déteste, ce n'est pas tant Noël, que les pressions normatives qui en découlent. Tout le monde fait semblant d'être heureux, se croit obligé de faire comme si tout allait bien, de soigneusement choisir les mots, au cours des conversations, et pour ne froisser personne, et d'éviter certains sujets. Il ne faut surtout pas faire de vague le soir du réveillon, car l'alcool aidant, ça pourrait partir en vrille.
Alors autant se jeter sur le navet de Noël qui repasse pour la énième fois à la télé. Ces nanars sont inégalement bons, et même plutôt mauvais, mais se voulant réconfortants et délicieux. Il doit exister, quelque part sur terre, une machine automatique qui réalise ces téléfilms de Noël. Il lui faut peu de paramètres et peu de moyens. À la fin, il suffit de jeter de la neige artificielle sur un jeune couple improbable, que tout semblait séparer, et de faire chanter quelques niaiseries à quelques chiards. Cela commence toujours par un(e) jeune (femme/homme) pas très heureux dans sa vie à cause de (rayer la mention inutile), sa carrière envahissante, son deuil, son argent, sa solitude ou son arrogance, mais le miracle de Noël, avec force gâteaux à la cannelle et sucres d'orge, remettra les amoureux sur le droit chemin du couple américain, souriant, monogame et hétéro qui habite dans une charmante petite ville.
La pseudo-magie de Noël est entretenue par ces navets adorablement niais, particulièrement mal interprétés, et dont le scénario est écrit avec les pieds. Je ne m'inquiète pas car le héros ou l'héroïne sera remis(e) sur le droit chemin par un voyage inattendu, coincé(e) dans une petite ville blanche qui vote Trump, où iel retrouvera les bonnes valeurs : des morveux braillards, des voisins envahissants et des hommes endeuillés... Un chef-d’œuvre, on vous dit.
Vous êtes déjà proches de l’indigestion ? Ne crachez pas vos marrons glacés et enchaînez la soirée… avec d'autres épisodes ou votre smartphone.
Si la période Noël vous met le moral à zéro, j'espère que vous éviterez ces daubes cinématographiques intersidérales, capables d'énerver quiconque aurait voulu attendre le gros type en rouge. Pour éviter les déconvenues, éteignez la télé et regardez le sapin, c'est plus sûr. De toute façons, le père Noël ne viendra pas, car il est mort du Covid, mais ouf : jusqu'ici, tout va bien…
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