Depuis environ deux semaines, des centaines de curieux se déplacent dans la petite ville espagnole de BORJA (à l'ouest de ZARAGOZA), pour admirer un portrait du Christ défiguré par une octogénaire qui, en voulant le restaurer, a déclenché l'hilarité chez les internautes du monde entier, puis la consternation chez tous les amateurs d'art. L'information a rapidement dépassé l'info du web pour être relayée par les télévisions nationales puis européennes.
Restaurer une oeuvre ne s’improvise pas, comme l'a appris à ses dépens, madame Cecilia GIMENEZ (84 ans), qui est consciente du désastre.
Ce petit tableau, un "Ecce homo" datant des années 1910, est une œuvre d'Elias GARCIA-MARTINEZ, artiste local qui en avait fait don à la municipalité. La peinture n'était pas classée.
Ce petit chef d'oeuvre, un peu usé par le temps, présentait des signes de décrépitude qui avaient ému une octogénaire remplie de bonnes intentions et qui souhaitait restaurer la peinture.
Résultat : Le tableau d’Elias Garcia Martinez est désormais méconnaissable, il doit se retourner dans sa tombe, le pauvre !
Des media espagnols ont parlé de "carnage" et de "travail de cochon". La pauvre Cecilia a involontairement provoqué la consternation des protecteurs du patrimoine et l'hilarité chez les internautes du monde entier par son travail "très personnel".
La chevelure ressemble désormais à un pelage de singe, et ni la bouche quasiment effacée ni le nez stylisé nés sous le pinceau de la mamie, ne ressemblent à l'Ecce Homo original, un Christ aux traits fins, coiffé d'une couronne d'épines.
Mamie Cecilia est consternée (elle n'est pas la seule) et déclare que le curé le savait et qu'il lui aurait même demandé de procéder à quelques retouches. Tous ceux qui venaient à l‘église me voyaient, déclare-t-elle, n'ayant pas essayé de se cacher.
Dorénavant, une longue file d'attente est obligatoire avant de s'approcher de "l'œuvre", peinte sur une colonne et désormais protégée par un cordon de sécurité (!).
Bah, c'est comme tout, les gens passeront rapidement à autre chose… Dans l'attente, la commune, qui organisait samedi sa fête votive, va devenir célèbre...
18.000 personnes (!) auraient déja signé une pétition contre le projet municipal de restaurer la peinture à l'origine. Des professionnels se déplaceront lundi pour évaluer ce qu'il est encore possible de faire.
La petite fille du peintre, Teresa GARCIA, déplore que l’octogénaire ait touché au visage du Christ et qu’elle ne se soit pas contentée de s’occuper de la tunique. Le problème est survenu quand elle a commencé à peindre la tête, a-t-elle déclaré. Elle a détruit la peinture et les dégâts sont irréparables.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, car si la renommée de la chose a dépassé le stade du chiffre d'affaires des bistrotiers et restaurateurs de BORJA, la caricature ratée a inspiré des dizaines d'internautes. Il circule désormais sur la toile le ratage de mamie Cecilia avec le visage de la panthère rose, de Michael Jackson, de Russell Crowe et autres stars…
Dommage que monsieur Elias GARCIA-MARTINEZ ne puisse nous dire ce qu'il en pense. Je doute qu'un humble artiste du fin fond de l'Aragon, ayant mis toute sa ferveur à réaliser une jolie petite œuvre, soit réjoui par le massacre de sa peinture dont le graphisme est à présent digne des possibilités artistiques d'un enfant de 4 ans !
@+
PS : Mes blogopotes auront remarqué que pour une fois que je relaye un fait se situant sur la péninsule Ibérique, celui-ci n'a rien à voir avec la Catalogne. BORJA (5000 habitants) est en effet une commune d'Espagne sise dans la province de ZARAGOZA, communauté d'Aragon, comarque de CAMPO de BORJA.