
J+56. Lundi 11 mai. (Llibertat). Jusqu'ici tout va bien…
Libérés, délivrés… "C'est décidé, je m'en vais… J'ai laissé mon enfance en été, perdue dans l'hiver… Le froid est pour moi le prix de la liberté"....
Oui je sais, c'est n'importe quoi, c'est juste le refrain de la "reine des neiges"… mais bon, j'ai bien le droit de "craquer" un peu pour la libération ?
Il est l'heure de faire un petit bilan, un peu comme lors du retour de colonie de vacances, quand on regarde les photos, un peu comme à la fin de l'été quand on est bien bronzé et qu'on rigole. Ce matin, toutefois, c'est très différent : on sort quand même de presque deux mois de confinement.
Alors, que s'est-il passé ? Les débuts ont été plus sereins que la fin... On a d'abord eu droit à de l'humour policier face a une cliente n'ayant acheté que du Coca, et on oubliera vite ceux qui ont verbalisé à mauvais escient, comme à l'EHPAD de Graulhet, comme au pont de l'ile de Ré... Je préfère donc retenir le : "Madame, vous prévoyez une gastro ou quoi ?" déclaré à la dame au coca : ça c'était drôle et ça m'a fait rire...
- On est sortis (pas moi) plusieurs fois par jour juste pour acheter des petites bricoles ou pour jouer au Kéno avec notre petite attestation dérogatoire. Les autorités ont durci le ton.
- On a testé les apéros virtuels sans grand succès : "ça marche ? Non ! Vous m'entendez ? Non ? Tu me vois ? Non ! Zut, ça a coupé !"
- On a aussi essayé les coupes de cheveux "faites maison", comme le ministre de l'économie Bruno le Maire a tenté sur ses enfants... C'était particulièrement raté !
- On a tenté un grand retour à l’école en suivant des cours sur l’écran avec les plus jeunes, avec peu de succès là aussi, je dois dire. Parfois un peu quand même...
- On a eu nos rendez-vous ensemble à la télé : avec Harry Potter le mardi, avec Top chef le mercredi, et même Koh-Lanta le vendredi… (enfin, pas moi...)...
- On a attendu, entendu, redouté des discours, les chiffres foireux du ministre de la santé, les conclusions de Salomon, la clope de Sibeth, le président en chef de guerre, avec le sous-titreur qui se mélangeait les pinceaux et écrivait des bêtises... Tellement qu'on lisait les inepties en étant morts de rire et qu'on en a oublié le fond...
- On a subi Barbe-Blanche le grand schtroumph, Barge-Rouge, le barbier à la belle écharpe qui s'écharpait avec les invités, les "spécialistes de tout" qui nous barbaient sur les chaînes d'info, et Ruth la taulière qui s'allumait (pour rire) avec les invités... oh la barbe !
- On a eu ceux qui devaient crier sur leur balcon en applaudissant ou en tapant sur des casseroles de 20h00 à 20h02,
- On a eu les pubs raccourcies (super) et la 27ème rediffusion de Vintage Mecanic ou de la "rénovation impossible" sur la 24, bref, c’étaient les rendez-vous que nous suivions (presque) tous ensemble à la télé.
Ensemble on a aussi perdu Christophe, et tant d'autres restés anonymes...
- On a renoué des amitiés, on s’est peut-être jamais aimé aussi fort d'ailleurs.
- On s’est fait un jardin, sur le balcon parfois, à l’intérieur de nous toujours, mais on a cultivé beaucoup.
- On a cuisiné, on s’est remis en question, on a oublié l’heure, on a perdu les jours, on a posé des questions, on a eu des réponses, mais pas toujours.
- On a fait corps avec l’ennui, on s’est dit c’était pas grave, alors on a créé, inventé, imaginé, fait du sport en chambre, on est devenu fous...
- On s’est déchirés, mais on a ri et on s’est réinventés. On a banni le jean, on a pensé à nous, on a tenu encore et encore, on s’est retrouvés. On est peut-être plus forts maintenant ? Ou pas.

Pour certains, ce matin, c'était plus dur que pour d'autres... notamment quand le réveil a sonné et qu'il a fallu sortir de sa grotte, enlever son jogging et ses pantoufles. Aïe, ça fait mal de remettre des chaussures...
J'ai pensé à tout ? Ma carte d'accès au parking, mon badge ? C'est bon, masque, gants, on peut sortir.
Le déconfinement nous a surpris en plein mois de mars, avec des pulls et des blousons et nous arrivons d'un seul coup à la mi-mai, en pulls et blousons ! Pas terrible le "voyage dans le temps"... Les shorts et les tongs vont rester encore un petit moment dans les placards, on y a cru trop tôt.
Protégés de masques et de gants, on va revoir des amis, des voisins, les collègues... Derrière leur masque, on devinera très bien ceux qui font la tête et ceux qui nous sourient. Après le "salut, ça va, ça faisait un bail" et le "tu n'as pas un peu grossi ?", il va falloir s'habituer aux remarques sur les coupes de cheveux loupées, sur les tignasses, sur les masques mal mis et autres anecdotes. Ce n'est pas bien méchant.
Le virus est toujours là et il va nous falloir vivre avec. La distanciation sociale, les gestes barrières et autres lavages de mains au gel hydro-alcoolique sont autant de concepts que nous avons du intégrer rapidement et qui nous colleront pendant longtemps, mais ce n'ai pas si grave au fond.
Il ne fait pas beau ce matin, le ciel est gris, les saints de glace vont nous "pourrir la vie" pendant quelques jours, mais le déconfiné que je suis espère vous retrouver bientôt pour d'autres thèmes.
Je vous remercie d'avoir suivi ces plus de 50 billets quotidiens, et je vous assure que jusqu'ici, tout va bien...
