Difficile de m'occuper de mon blog comme je le souhaiterais... Mon nouveau boulot est plutôt "prenant" (c'est le moins qu'on puisse dire) et je ne rentre chez moi qu'un ou deux jours dans la semaine...
Ceci dit, je fais ce que je peux et vais aujourd'hui vous conter l'histoire d'une église abandonnée en Tarn-et-Garonne...
A deux pas de MONTAUBAN, l’église de Sainte-Thérèse de Léojac, souvent qualifiée pour ses dimensions exceptionnelles de " basilique ", n’a cessé d’intriguer le passant. Entreprise d’une homme d’église qui eut la folie des grandeurs, ce bâtiment est laissé depuis plus de 60 ans à l’abandon.
Combien de personnes empruntant la RD 70 conduisant de MONTAUBAN à LEOJAC se sont arrêtés, perplexes, sur le plateau des Farguettes. De loin, on aperçoit une imposante ossature de béton. Le passant comprend que ce sont les fondations d’une église dont il ne reste que la colonne vertébrale.
A-t-elle été victime d’un incendie ? Les plus imaginatifs se demandent si l’église n’a pas été bombardée durant la guerre ?
Le site est complètement délaissé. Les herbes folles courent sur le parvis et une végétation luxuriante a pris possession de l’édifice jusqu’à la charpente de béton. On se demande pourquoi cette église a été délaissée en l’état ? Pourquoi ne l’a t-on pas reconstruite ou détruite ? Pour tenter de comprendre son histoire, il faut remonter à 1927.
Un nouveau curé, l'abbé GARIBAUD, vient d’être affecté le 27 juillet. A cette époque, le curé a entre ses mains une modeste église à MONTAUBAN, dédiée à Saint-Symphorien.
L'ecclésiastique désire plus. Il a des grands talents de communication. Seulement quatre mois se sont écoulés entre son affectation et son premier article catastrophiste dans "La Croix", concernant l'église qui lui était affectée.
En 1931, las d’attendre sa hiérarchie, il rassemble le village et trace à la charrue le contour de la basilique, bénit le lieu et n’eut de cesse qu’une grande croix faite avec deux sapins ne s’élève à l’emplacement du chœur.
Ce n’est qu’en 1936 que le projet prend réellement forme avec une décision de l’évêque de Montauban, Mgr DURAND. Pourtant les difficultés ne tardent pas à se faire jour. Une année passe et la construction n’est toujours pas commencée. L’argent manque, le projet est pharaonique pour la petite paroisse.
Estimé au départ à 400.000 F, le chiffre définitif annoncé cette année là est désormais de 1.200.000 francs de l'époque. Mais rien ne peut aux yeux de l’abbé empêcher son édification. Les paroissiens sont donc largement sollicités financièrement et physiquement.
Ce sont eux qui creusent les profondes fondations (1,50m et 2,5 m pour le clocher). Le dévouement des paysans de la paroisse ne suffit pas à terminer l’imposante bâtisse qui culmine à 36 mètres avec son clocher. Les fonds manquent et c’est bien le nerf de la guerre qui met à mal la finalité du projet.
L’abbé ne manque pourtant pas d’initiative pour combler le déficit, il innove avec les moyens de l’époque faisant avant l’heure, du marketing. Il expédie dans toutes les paroisses de France et de l’étranger des lettres pour lui venir en aide financièrement.
Il n’hésite pas à vendre tout un tas de produits dérivés, pour accomplir son œuvre : cartes postales, calendriers, broches, colliers, timbres, etc.
Rien n’y fait, et malgré un sens aigu de l’entreprise et de l’initiative, les moyens de l’époque ou les mentalités ne suffisent pas à endiguer l’hémorragie.
Les travaux s’arrêtent en août 1938. La mobilisation, un an plus tard, et la guerre mettent un terme aux potentielles collectes.
A la Libération, le projet est même définitivement abandonné sur injonction de Mgr THEAS. L’abbé doit abandonner sa cure à 72 ans, et se retire à la maison de retraite de MONTBETON où il décède le 2 février 1950 sans être parvenu à inaugurer "sa" basilique.
Aujourd'hui encore, il règne une étrange atmosphère dans ce lieu fantomatique laissé à l'abandon.