Pourquoi ? Je ne sais pas trop.
Bon, à la rigueur, les sapins décorés, c’est sympa. Hélas, où qu'on aille en ce moment, dans les galeries marchandes et les commerces tintent des chants écœurants de bonheur factice et surfaits, des annonces publicitaires où le sourire dans la voix résonne aussi faux que l'offre annoncée. Partout les lumières scintillent et créent la magie d'un monde bidon où tout n'est que douceur. Dans la vraie vie, il y a les gens seuls, les malades, les malheureux, et c'est la majorité.
Je pourrais dire que je n’aime pas Noël à cause de la frénésie de consommation, à cause des décharges qui se remplissent de matériaux d’emballage inutiles et des cadeaux non désirés jetés à la poubelle.
Je pourrais dire que des enfants du tiers-monde travaillent dur pour fabriquer les jouets de nos chiards qui finiront à la poubelle.
Je pourrais dire que je n’aime pas le côté fête obligatoire et commerciale, ainsi que le sentiment général de générosité convenue (vous mordez l'image) ?
Je pourrais dire que je ne sais pas pourquoi il faut un moment précis pour gâter ceux qu'on aime, pour manger des mets festifs qu’on trouve à longueur d’année dans les supermarchés et dont le prix double quasiment en période de fêtes.
Je pourrais dire qu'à noël, le nombre de morts sur les routes va augmenter, tout comme celui des suicides.
Je pourrais le dire, mais ce n’est même pas ça qui me déprime.
Je pourrais dire que Noël est une fête de famille. Mais tout le monde n’a pas forcément une famille aimante, ou même une famille tout court.
On se passe d'ailleurs très bien de la famille, de ses faux-semblants, de ses non-dits et de ses réflexions bien lourdes, ainsi que de la bienséance convenue.
Comme disait le regretté Coluche : on choisit ses amis, mais rarement sa famille. En fait, noël est la fête des enfants, quelle que soit leur religion. A l'heure où une crèche publique est perçue comme un attentat à la République, il s'avère que tout le monde n’a pas forcément des enfants.
Je pourrais dire que noël est un moment de célébration, de réjouissance et de retrouvailles, mais ce serait faux.
Pour les adultes qui ne vont pas bâfrer jusqu'à vomir ou s'alcooliser, les fêtes sont un mauvais moment à passer. Vivement le début janvier, que les traces écœurantes de cette gabegie s'estompent.
Je pourrais dire que les fêtes constituent un moment essentiel de l'aspect social ou familial, mais ce serait encore faux.
Je pourrais dire que les fêtes sont la période où l'on accorde plus d'importance aux proches et aux amis. Hélas, à part dans les navets de téléfilms américains, cela est encore archi-faux.
Je pourrais dire que la solitude ou le mal-être exacerbent la déprime, pendant que les autres se réjouissent, boivent et vomissent. C'est vrai.
La réalité et les problèmes de la vraie vie sont incompatibles avec le message hypocrite et mensonger distillé pendant cette période, car aucune autre fête ne véhicule autant de clichés.
Je pourrais dire que noël ressoude le clan. Mort de rire.
En fait, malheur aux orphelins, aux sans-familles, aux marginaux, mais aussi à tous ceux qui payent leur différence au sein de leur soit-disant famille, exclus de ce noyau artificiel et faux Q.
Par obligation, on se croit obligés de passer noël en famille, avec oncles, tantes et grands-parents. Il faut alors répondre 15 fois aux mêmes questions dont tout le monde se fout : Ça va les études ? le boulot ? ou pire… "toujours pas de boulot ?".
A la question qui tue : "Ça va ?", il faut se forcer et répondre oui, vrai ou pas, parce que c’est noël, et aussi parce qu'on s'en fout. Rien que l’idée du soir du 24 décembre en famille, donnerait presque envie de rire (ou pas).
Je pourrais dire que tout ce bonheur surfait me rend triste. Si pour vous comme pour moi, les fêtes sont un moment pénible à passer, concentrez-vous plutôt sur vos proches et faites plaisir à ceux qui vous aiment, plutôt que de vous apitoyer.
L'éternité pour les autres et pour ceux que j'oublie.
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