Confinement pour tous… mais pas pour les chasseurs...
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Si vous vous souvenez, à J+1, je m'étais étonné de voir, pendant le confinement, passer des 4x4 et autres utilitaires, avec remorques et chiens, ébahi de voir que des gars allaient à la chasse en plein confinement. Je me trompais, c'est tout à fait autorisé par notre gouvernement d'amateurs.
Par la puissance de leur lobbying, les chasseurs ont obtenu le privilège de continuer durant le confinement, au grand dam des défenseurs de la faune sauvage, qui dénoncent l’injustice de ce passe-droit.
Le patron de la fédération nationale des chasseurs s’est félicité d’avoir obtenu gain de cause auprès du gouvernement. Contrairement à la population générale, vous, moi, qui n’avons droit qu’à un accès restreint à la nature (1 heure de marche ou footing à moins d'un km du domicile), les chasseurs ont obtenu des dérogations pour pratiquer sur leur zone de chasse, sans limitation de kilométrage ni de durée.
La secrétaire d’état à la biodiversité, Bérangère Abba, a pondu une circulaire à l’attention des préfets, pour définir, en lien avec les acteurs locaux, des objectifs de prélèvement, dans une lutte menée contre les dégâts faits aux cultures, aux forêts et aux biens, par une prolifération du grand gibier. Seule la chasse à courre reste interdite, mais battues et tir à l’affût ont droit de cité.
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Chose plus surprenante, les chasseurs sont incités par leur patron, alors c'est pour l’instant interdit, à prendre, dans le cadre de la chasse, une "détente cynégétique" : en clair, pendant la chasse, poser les fusils et aller se balader, quelles que soient la distance et le temps. On n'est pas loin de la provocation.
Les chasseurs sont appuyés par l'exécutif, qui a confirmé que les chasseurs pouvaient prendre un temps de "détente cynégétique" dans le cadre légal de la chasse.
Je devrais peut-être aller faire du vélo avec un fusil, et ainsi prendre une "détente cynégétique" au fin fond de la forêt ou des coteaux, aussi loin que je veux et le temps que je veux. Reste à trouver le moyen de transport idéal du fusil sur mon vélo…
Les chasseurs se sont donc empressés de reprendre les fusils, contrairement au premier confinement. Certes, le second intervient au cœur de la saison de chasse (septembre à mars), novembre correspondant à lui seul au 1/4 du prélèvement annuel de grands gibiers, mais la circulaire ministérielle mentionne sans rire une mission d’intérêt général.
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Les dérogations ne concernent pas seulement le gros gibier, mais aussi les classés nuisibles et les pigeons ramiers. Comme si cela ne suffisait pas, les chasseurs demandent une dérogation pour les appelants dans les parcs, et exigent le remboursement de leur permis de chasse pour cette saison, puisqu'ils sont privés de leur "loisir favori". Avant de sortir les armes, et au lieu d'invoquer l'utilité publique, il faudrait commencer par arrêter l’agrainage et arrêter d’importer des sangliers des pays de l’Est (ils pèsent plus lourd et se vendent mieux dans les chasses commerciales).
Alors que le reconfinement et sa pesanteur se réinstallent en France, les chasseurs ont négocié le droit à tirer toujours davantage, tandis que les naturalistes et la LPO s'insurgent face à cette indécence. Faut-il se promener avec un fusil sous couvert d'action de chasse pour échapper aux vicissitudes du confinement ? Pourquoi un vététiste ou un photographe animalier ne pourraient-ils, pas se promener en forêt ou autre afin de profiter de la nature pendant le confinement ? Faut-il devoir lui tirer dessus ? Peut-être puisque jusqu'ici, tout va bien…
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