C'est dur d'avoir 20 ans en 2020.
Le président le disait il y a un mois. Même si ce confinement ne se vit pas de la même façon à la ville ou à la campagne, il laissera des traces. J'écoutais un jeune parler ce matin à la radio. Il s'exprimait de manière remarquable et a terminé son propos en disant qu'avant le virus, son avenir était flou et qu'aujourd'hui, son présent l'était aussi. Ces mots résonnent comme un coup de tonnerre et ils sont terribles. Parce qu'ils sont vrais.
Des journalistes sont allés à Lurcy-Lévis (Allier), (ce qui fera plaisir à Juju) pour étayer leurs propos et recontré des jeunes du monde rural. C'est une petite commune d'un peu moins de 2000 habitants. Le café de la poste et la pizzeria, lieux de ralliement habituels des jeunes et des moins jeunes, sont fermés à cause du confinement. L'ancienne gare, les rues et les étangs sont déserts.
Dans ce village presque vide, les jeunes commencent à trouver le temps bien long. Ils ne suivent plus les cours à Moulins ou à Clermont-Ferrand et ne voient plus grand monde, suivant l'enseignement à distance. Ils sont souvent confinés chez leurs parents, s'habituant peut-être (ou pas) à rester enfermés. A force, ils ont de moins en moins envie de faire.
Pour maintenir les liens avec leurs amis, ils se tournent presque tous vers les réseaux sociaux. Les soirées sont devenues virtuelles, perdant tout le sel de la vie. Vous avez déjà essayé de danser en visio ? Ce n'est guère convivial.
A l'aube de leur vie, ils n'ont pas encore construit tous leurs réseaux, n'ont pas encore forcément trouvé l'amour et peinent quelque peu avec les cours à distance. Les élèves de 2ème et de 3ème année s'en sortent un peu mieux, ayant quant à eux tissé tous leurs liens avant l'arrivée de ce fichu virus. Il n'est plus question de sortir en boite de nuit, mais bien de rester tout seul derrière son écran, donc forcément un peu isolé.
C'est vrai qu'avoir 20 ans à cette époque, ce n'est pas facile. Certains ont bien tenté ces soirées virtuelles et confinées, mais elles ne suffisent pas. Certains empruntent même le chien familial, volontaires pour aller le sortir. Ils se font une attestation et vont voir leurs potes. Parfois, ils n'en peuvent plus à cause des tensions avec leur famille.
Une jeune fille a même avoué au micro son impression de rater sa jeunesse. Ceux qui sont motorisés s'autorisent des escapades au guidon de leur deux-roues ou se donnent rendez-vous dans des lieux isolés. Ce n'est pas la panacée, et quelques-uns ont écopé d'une amende de 135 euros pour non-respect du confinement.
En plus, pourquoi, le jour, parler du Covid-19 ? A cause du masque, ils y pensent tous les jours. Heureusement pour eux, jusqu'ici tout va bien.