Le voyage immobile. A l'heure de la Covid19, le tourisme est-il toujours d'actualité ?
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Je savais qu'on nous prenait pour des (bips), mais là on bat des records… À tous ceux qui font des rêves d’aéroport et/ou de voyage, voilà que, prenant acte de la restriction drastique des voyages inutiles, la compagnie aérienne australienne Qantas propose des billets d’avion sans destination. Disons plutôt que votre destination sera identique à l’aller et au retour, c'est juste un tour en avion au sens propre, car vous partez de Sidney et quelques heures plus tard, vous atterrissez… toujours à Sidney ! Il paraît que ce serait juste pour retrouver le précieux sentiment de voyager, même sur place.
Toutefois, il est à noter que Qantas a annoncé le licenciement de 6,000 de ses 29,000 employés. Cette mesure fait partie d'un plan de 3 ans mis en place "pour accélérer la reprise de la compagnie" à cause de la crise liée à la pandémie Covid-19".
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Le monde semble s’être immobilisé, c'est à croire que nous avons été rattrapés par le col pour revenir au temps où le tourisme n’existait pas encore. Aujourd'hui, le voyage est devenu vital, surtout pour ceux qui peuvent se le permettre. Le spectacle du monde offre un bon remède contre la mélancolie, même si c'est une prescription onéreuse, et pas du tout remboursée. Ne nous disait-on pas que se mouvoir sur la planète offrait la garantie d’un corps sain et que le grand ennemi sanitaire, c'était l’environnement quotidien, l’air vicié des villes et l’entassement des citadins ?
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Même si le tourisme chiffonne encore quelques esprits chagrins : les foules viennent désormais polluer la vue et les élites sociales regrettent le temps où il n’y avait qu’elles dans ce paysage désormais embouteillé, les vacances sont gâchées. Le voyage c’était bien, mais sans le peuple.
C’est alors qu'après toutes ces années de développement exponentiel du tourisme, vînt la solution, perfide mais efficace : la honte. Avec l’invention de la "honte de l’avion", apparue en Suède en 2018, les voyageurs sont désormais sommés de cesser de zébrer le ciel de leur empreinte carbonée. C'est une honte qui s’accommode assez mal des vols sans destination proposés en Australie, mais qui colle parfaitement à la période du Covid-19, puisqu'on ne peut plus guère bouger.
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Reste à inventer le voyage du monde d’après (qui se fait attendre et qui sera horrible), un voyage immobile où la lutte des classes ferait relâche, histoire de faire des vacances à tout le monde et pas seulement à ceux qui en ont les moyens. Et si le voyage immobile virtuel ou pas ne vous convient pas, sachez qu'il reste (parait-il) encore quelques concessions à perpétuité à prix accessible, dans certains cimetières de banlieue, et tant mieux, parce que jusqu'ici, tout va bien.
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