Ils nous auront tout fait : après les médailles fabriquées en Chine, à destination de nos soignants, voici la dernière idée géniale du gouvernement : le don de jours de congés et/ou de RTT.
Sur une idée de Muriel Pénicaud, la ministre du travail, une proposition a été ainsi formulée par une centaine de députés, aux termes de laquelle les français sont invités à faire don au personnel soignant de jours de congés ou de RTT. Attention, cette mesure ne vise en aucun cas à leur donner des jours de congé supplémentaires, mais juste à convertir ces jours virtuels en chèques-vacances qui leur seraient attribués.

Les chèques-vacances sont diffusés par un établissement public (ANCV), en partenariat avec des sociétés privées. Sans rire, le ministère du travail a fait connaître les bienfaits de l'activité physique par les personnels soignants : "l’activité physique dans le cadre du travail diminue le stress, facilite la communication interne et favorise un mieux-être physique aux retombées psychiques bien identifiées. Bien conduite, elle diminue les troubles musculo-squelettiques et les risques psychosociaux. Notre reconnaissance à tous ces soignants, leur permettra non seulement de mieux profiter de leurs congés, mais aussi de mieux vivre chaque jour leur métier".
Voilà qui commence comme des éléments de langage, continue comme une langue de bois (c'est la même chose) et finit un peu en foutage de figure, car ce n'est ni une médaille, ni des chèques vacances, ni même une prime ponctuelle que nos soignants attendent. Il faudra se contenter de ça, dans cette période actuelle du déconfinement, qualifiée par le président de "jours heureux" (!)
Quid de la crise sanitaire qui n'est pas terminée et de la crise sociale sans précédent qui est largement commencée ? Bref, c'est facile de jouer avec l'argent des autres, surtout pour ce gouvernement qui a déjà autorisé la suppression de jours de congé (solidarité), y compris pour ceux qui ont bossé pendant le confinement. Je le sais, ma camarade de jeux a été impactée par ce cas : elle a bossé non-stop, mais son employeur lui a retiré arbitrairement 5 jours sur ses droits annuels à congés.

Ceci dit, il faut prévenir nos soignants du souci rencontré avec les chèques-vacances : Ils sont plutôt difficiles à dépenser, même parfois chez les professionnels qui affichent le logo de l'organisme.
1 - Il devient compliqué de les faire accepter par les autoroutes, notamment depuis qu'il n'y a plus d'employés de péage (il faut parlementer longuement à la borne et les chèques-vacances sont 100% incompatible avec le télépéage) ;
2 - De moins en moins de restaurants les acceptent, à cause des délais de remboursement qu'ils subissent et du coût de revient de leur procédure (2 à 3 mois d'attente, d'après ce qu'ils en disent) ;
3 - De moins en moins d'hôtels les acceptent, exactement pour les mêmes raisons, et si le logo ANCV "bienvenue aux chèques-vacances" est fièrement affiché sur la porte d'entrée. Parfois, on se voit même opposer un refus au simple motif, je l'ai entendu, le comptable ne veut pas s'embêter avec ça, parce que c'est compliqué et que ça fait perdre de l'argent.
4 - Le plus souvent, ce moyen de paiement est même refusé par les établissements hôteliers si on a fait une réservation Internet par une grande centrale...
5 - Les établissements qui les acceptent se réduisent de plus en plus comme peau de chagrin et aucun guide des acceptants n'est disponible.
J'ai vérifié sur le site Internet. Concernant la restauration, près de moi, je peux aller dans une brasserie, un fast-food, le rayon sandwich de la station-service de l'autoroute (authentique) et une pizzeria. Le seul établissement ressemblant à un restaurant n'a pas rouvert. J'ai voulu voir les activités culturelles de ma région mais je n'ai rien trouvé et le site a buggé. Hum…
En fait les chèques-vacances sont en perte de vitesse et les mettre en lumière avec un coup de pub, c'est un peu relancer un moyen de paiement déficitaire où l'Etat est partenaire. Et les soignants dans tout cela ? Que leur resterait-il ?
- Ils pourraient se rabattre sur les hôtels et restaurants ne faisant pas partie de ceux qui ont le plus de clientèle (et donc pas les meilleurs) ou sur les chaînes et les fast-food qui ne sont pas, chacun le sait, des parangons de gastronomie.
- Ils pourraient aussi tenter leur chance sur l'autoroute, s'ils ont le temps de parlementer au péage, ou s'ils persistent à rester dans les bouchons en n'utilisant donc pas le télépéage avec abonnement payant.
- Qu'ils se consolent, ils pourront pratiquer des activités hautement culturelles offertes par certains (pas tous loin de là) parcs d'attraction, comme Disneyland, Astérix, etc.
C'était presque mieux quand les gens applaudissaient sur commande à 20 heures, en tapant sur des marmites. Même si jusqu'ici tout va bien, de qui se moque-t-on ?
