Au hasard de mes pérégrinations sur le Net, j'ai eu la surprise de tomber sur le site d'un journal local, et d'y lire un billet concernant les tortures moyenâgeuses. Vous allez me dire que ça a déjà été fait et que ceux de cette époque n'étaient pas à cours d'imagination pour trouver des raffinements destinés à faire souffrir et ôter la vie de leurs contemporains. Vous avez raison, mais voilà, ce billet relatait des supplices uniquement réservés aux dames. J'en suis resté baba !
1 - DES POINTES EN MÉTAL DANS LA BOUCHE DES DAMES QUI PARLAIENT TROP
La bride-bavarde était un instrument de torture terrible, du genre "muselière en fer", destiné à être appliquée sur le visage des "commères". On appelait ainsi ces dames qui ne cessaient de critiquer, de dévoiler des secrets, de dire du mal des voisins, etc. Placée dans la bouche, la bride-bavarde était donc équipée de pointes de métal qui lacéraient la langue à chaque fois qu’elle bougeait. C'était une façon tout à fait charmante de faire taire quelqu’un !
2 - LE JOUG À MÉGÈRE
Décidément, les "mégères" du moyen-âge étaient particulièrement ciblées. Comparé au joug à mégère, les menottes ne sont rien. Il s'agissait d'un dispositif en bois ou en métal, réservé non pas seulement aux commères, mais aussi aux femmes violentes. L'instrument forçait la suppliciée à se déplacer bras pliés et tête enserrée. Il arrivait qu'on l'utilisait aussi pour punir deux femmes en même temps !
3 - LE THEWE
Célèbre outre-Manche, le "thewe" était une sorte de pilori réservé à ces dames. Contrairement à celui des hommes, seule la tête était attachée au poteau, mais pas les mains. La fautive, en plus d’être enchaînée, était exhibée à la foule. Pour ajouter à la joyeuseté de l'instant, il était de bon ton de l'insulter, tout en lui jetant à la tête des crachats ou des cailloux.
4 - L’ABLATION DU NEZ
Pour punir une femme aux mœurs légères, quoi de mieux que lui couper le nez ? La société du Moyen Âge trouvait cela normal et n’hésitait pas mutiler de pauvres femmes innocentes sur le symbole de sa beauté. Sous Louis XIV, c’était encore pire : les prostituées surprises en flagrant délit avec un soldat (comme si le monsieur n'y était pour rien ?) se voyaient, en sus, couper aussi les oreilles. Les hommes, en revanche, n’étaient condamnés qu’à une simple amende, ce qui démontre que l'égalité des sexes n'était encore pas à l'ordre du jour.
5 - LE TABOURET
Quiconque pour s'amuser, essaye de s'asseoir dans le vide, ne restera dans cette position que très peu de temps. Le tabouret" est donc un châtiment bien désagréable. Destinée une fois de plus aux femmes aux mœurs légères et aux commères, cette chaise en bois sans siège était une véritable torture. La coupable devait s’y asseoir, tout en étant attachée et exposée au public. Ce dernier, comme à son habitude, était inviter à agrémenter le supplice avec forces crachats, insultes, et cailloux. L’humiliation était à son paroxysme.
6 - LE TABOURET DU CANARD
Il s'agit là d'une variante qui reprend l'idée générale mais l’applique avec plus de panache ou d'inventivité. Le tabouret se trouve cette fois élevé au-dessus d’une étendue d’eau. La femme y siégeant doit être plongée autant de fois qu’il le fallait pour "refroidir sa chaleur excessive", comme écrivait François Maximilien Misson, écrivain français du texte documentaire, condamné à l'exil. Bien souvent, la pauvre femme torturée finissait par en mourir par noyade. Le Moyen Âge n'était pas vraiment une douce époque.
7 - LE MANTEAU DE L’IVROGNE
Le manteau d’ivrogne n'est autre qu'un énorme tonneau dans lequel on forçait les femmes infidèles à s’installer. Un trou laissait passer la tête, et deux autres étaient destinés aux bras. La coupable devait parader dans la ville, histoire de bien montrer qu’elle n’était pas digne de confiance. Là encore, la malheureuse était la cible des quolibets et autres insultes, quand ce n'était pas des crachats et des cailloux.
8 - LA MARCHE DE LA HONTE
Popularisée par la reine Cersei Lannister dans "Game of Thrones", il s'agissait d'une parade humiliante. Durant cette marche à travers toute la ville, on forçait les prostituées, les mégères (femmes autoritaires et dominatrices) et les menteuses à parcourir, pieds nus, les rues de la ville. Quand la faute était plus grande, elles devaient déambuler dans le plus simple appareil. De plus, la foule ne manquait pas une occasion d’humilier la présumée coupable avec les moyens habituels : insultes, crachats, jets d'immondices divers, etc.
9 - LA NOYADE DES SORCIÈRES
Il ne s'agit plus de châtiment, mais bien d'une condamnation à mort. La noyade était spécialement réservée aux femmes accusées de vol, car cette méthode était étonnement considérée comme plutôt douce. Les présumées sorcières subissaient donc sans preuve l’ordalie (1) par l’eau froide. Leur sort était donc déterminé selon si elles coulaient ou si elles flottaient.
(1) L'ordalie, ou jugement de Dieu, était un procès rapide à caractère religieux qui consistait à soumettre un suspect à une épreuve mortelle, dont l'issue, théoriquement déterminée par Dieu lui-même, permettait de conclure à la culpabilité ou à l’innocence dudit suspect. Si l'accusée était innocente, Dieu le savait et l'aidait à surmonter l'épreuve. La supposée sorcière était plongée dans une eau bénite glacée (souvent une rivière). Si elle coulait, c'est qu'elle était reçue par l'eau bénite et donc innocente. Si le corps flottait, cela prouvait le rejet de l'eau bénite et donc sa culpabilité. La plupart des femmes accusées de sorcellerie étant frêles et âgées, avaient tendance à flotter. Soit les accusées à tort se noyaient, soit elles étaient exécutées car coupables.
10 - LE FER ROUGE
Assez populaire, cette punition était réservée aux prostituées et aux souteneuses du Moyen Âge jusqu’à la fin de l’ancien régime. Les filles de joie étaient donc marquées au fer rouge, et recevaient un "P" sur le front, le bras ou la fesse, tandis que les maquerelles disposaient d’un "M" assorti d’une fleur de lys aux mêmes endroits. Le roi Charles IX les déclara même hors-la-loi, passibles sans procès de fouet et de la "marque".
11 - LE BUCHER
Les sorcières du Moyen Âge n’étaient pas seulement noyées, mais le plus souvent brûlées. Le premier procès de sorcellerie de Paris fut celui de Jeanne de Brigue, le 29 octobre 1390. Elle fut déclarée coupable, puis " purifiée par le feu" en place publique le 19 août 1391. Il arrivait, pour que la douleur soit plus intense, qu'on fasse porter une robe et un bonnet enduits de goudron aux présumées coupables. Elles étaient ensuite attachées au poteau, puis brûlées vives. Parfois, le corps supplicié était également pendu.
Quelle chance avons-nous de vivre à notre époque.