Jeudi 2 avril. Jusqu'ici, tout va bien…
Les actes de méfiance tendance à se multiplier contre le personnel soignant. On ne compte plus sur les réseaux le nombre de posts montrant des mots peu agréables. Entièrement mobilisé dans la lutte contre le coronavirus, ces héros du quotidien sont désignés comme potentiellement porteurs de la maladie, ce qui crée une peur irrationnelle chez certains. Ces situations de crise font en principe émerger les solidarités, l’entraide et la petitesse de certains.
J'ai lu l'histoire d'une étudiante infirmière de PERIGNY (17) qui avait du reprendre sa grand-mère sur demande de l'EHPAD. La jeune femme aurait été expulsée par ses propriétaires à cause de la mémé et de sa profession.
Je n'ai pas voulu y croire en cette journée du 1er avril, car il eut été bien plus rassurant de penser qu'il s'agissait d'un mauvais poisson, il n'en était hélas rien. La soignante occupait une chambre avec sanitaires chez un couple de septuagénaires, avec petit-déjeuner et dîner, pour 320 euros par mois (en liquide et sans quittance), local loué jusque fin juin. L'ambiance avait changé depuis les mésaventures de la jeune femme. Finie la compassion mais de la défiance, et la propriétaire lui aurait coupé l'eau, le chauffage et la télé pour l'inciter au départ, appuyée en cela par l'intimidation de ses deux fils. Un mot charmant lui suggérait même d'aller mourir ailleurs, mais pas chez les propriétaires.
Appelée par la sœur de la jeune femme, la police serait intervenue sans succès, la propriétaire niant partiellement les faits. La jeune femme et sa mamie ont donc du trouver refuge chez une amie. L'horrible logeuse reconnaît l'exigence d'espèces mais affirme avoir "oublié" de donner les quittances. Dès le lendemain, une nouvelle annonce fleurissait sur le "bon coin". Ceci dit, l'histoire finit bien : les internautes se sont mobilisés et plusieurs propositions gracieuses de relogement sont parvenues via la presse.
J'ai reçu deux textos curieux aujourd'hui, dans le premier, même ma banque me parle du Covid-19 (comme si j'avais la tête aux placements) et mon généraliste me demande de consulter, car je ne dois pas abandonner mon traitement chronique. Je sais bien docteur, mais mon traitement en cours m'amène jusqu'à la fin du mois. Je sais bien que votre salle d'attente est vide, mais je ne vous oublie pas.
Dans l'attente, cette après-midi, j'ai réparé mon vélosolex en panne depuis 3 ans, avec des pièces redécouvertes (ça sert de ranger !). On ne dira jamais assez que la procrastination est néfaste. J'ai donc réparé ce que je remettais toujours à plus tard. J'ai changé le réservoir qui fuyait beaucoup (m'en fiche, je ne mets qu'un demi-litre au fond) et j'ai réparé l'éclairage (m'en fiche, je ne roule pas la nuit), ainsi que divers détails comme l'axe de roue avant et les freins. Certes, ce n'est pas demain que je vais caracoler sur les routes ensoleillées à la vitesse terrifiantes de 30 km/h mais au moins, c'est fait. Si j'y passe, mes héritiers auront un truc en état à vendre ou un moyen de transport rigolo, au choix. Il a démarré dans l'atelier qu'il a bien enfumé au "mélange qui pue".
Jusqu'ici tout va bien…